L'essor du magasin de déstockage alimentaire est une des conséquences de la crise. Noz, le leader du secteur avec 160 magasins, en ouvre « deux par mois ». La chaîne Bravo les affaires, qui comptait 12 magasins en 2004, en projette dix dans l'année, dont un le mois prochain à Saint-Denis. Des enseignes comme la Ferme du Spahi ou O Merchato, à Argenteuil (Val-d'Oise) ou Hyperprimeur à Villemomble (Seine-Saint-Denis) font le plein. La recette est simple : ils récupèrent à prix cassés des produits que ne peuvent plus écouler les industriels de l'agroalimentaire et de la grande distribution. A la différence du hard discount type Ed ou Lidl qui proposent les mêmes gammes de produits toute l'année, ces magasins de déstockage alimentaire rachètent des lots en fonction des opportunités. Mais à force de tirer les prix vers le bas, certains ont franchi la ligne jaune en vendant des produits qui ont dépassé la date limite d'utilisation, ou, plus grave, la date de consommation.
Diminuer le gâchis
Alertés, les services de la concurrence et de la répression des fraudes ont décidé de lancer une enquête spécifique. Car le circuit d'approvisionnement est souvent opaque. Du réétiquetage sauvage aurait parfois lieu afin de prolonger la durée de vie des produits. « Certains de nos confrères se spécialisent dans la DLUO largement dépassée », lâche un des acteurs du secteur. Un autre pointe « l'absence de syndicat interprofessionnel ». Un troisième fait remarquer que « les groupes font pression sur les déstockeurs en leur interdisant la publicité, car ils ne veulent pas que leurs concurrents sachent que leurs propres produits se vendent mal ». Des boîtes de conserve de marque seraient rhabillées sous le nom du déstockeur. Selon le nutritionniste Jean-Michel Cohen, « l'essor de ces commerces est une façon de diminuer le gâchis. Mais il faut que les pouvoirs publics soient vigilants ». |