Il y a 3,4 milliards d'années, la terre était recouverte d'eau dans sa quasi-totalité. C’est dans cette eau que la vie est apparue. Et les organismes vivants n’ont pas perdu ce lien de maternité avec elle. Car de fait, l’eau est indispensable à leur survie. Aussi a-t-elle légitimement alimenté la mythologie et revêtu une symbolique extrêmement profonde. La science l’a finalement déterminée sous la formule H2O et décrit ses trois états (liquide, solide ou gazeuse) en s’étonnant sans cesse de ses propriétés. Aujourd’hui, la Terre est recouverte à plus de 70 % d'eau, de l’eau même qui la parcourait à ses origines. On estime le volume total d’eau composant l’hydrosphère à 1 400 millions de km3. Toutefois, par opposition à ce gigantisme, l'eau douce n’en représente qu’un peu moins de 3 %. Et si l’on fait abstraction de l’eau immobilisée aux pôles, les lacs, cours d'eau et nappes souterraines n’offrent guère que 14 millions de km3 propre à la consommation. L'eau douce est inégalement répartie sur la planète, et dans chaque pays. Mais cette petite quantité d'eau doit pourtant satisfaire l'ensemble des besoins de l'humanité, pour les usages domestiques, l'agriculture, la production industrielle, l'énergie. Depuis des siècles, elle est donc à l’origine de conflits entre les peuples et certains spécialistes vont jusqu’à prévoir des guerres intenses au cours du XXIème siècle. Cette soif répond de fait à un besoin biologique quotidiennement vital comme nous allons le constater tout au long de cet article. Le besoin en eau du corps humain – La teneur en eau du corps humain n’est pas constante au cours de l’existence. Alors qu’elle constitue 97 % chez le foetus, 75 % chez le nourrisson, elle tombe progressivement à 60% chez l’adulte pour se voir réduite à 55 % chez la personne âgée. Qui plus est, ce capital en eau est en mouvement incessant de par nos échanges avec le milieu. On estime que le corps élimine quotidiennement 2,5 litres d’eau via les urines, les selles, la sueur et la respiration.
La perte hydrique liée aux selles représente de 100 à 200 ml d'eau perdus quotidiennement. La peau elle-même, lieu de la sudation, élimine de 0,5 à 1 litre d'eau par jour dans le cadre de l’homéothermie de l’organisme au cours de l’effort. Certes, différents facteurs accroissent cette quantité d’eau tels que l'intensité de l'exercice, les conditions climatiques, l'entraînement physique du sportif et son acclimatation à la chaleur, mais aussi et surtout de la possibilité de compenser au fur et à mesure la perte en eau. A noter que 250 ml d'eau sont rejetés au gré de la respiration. Le rein, quant à lui, assure le reste de l'élimination en adaptant l’élimination urinaire afin de lutter contre la déshydratation ou, à l'inverse, contre l'hyperhydratation.
Pour couvrir ces pertes, un apport de 1 à 1,5 litres d'eau est donc souhaitable en climat tempéré chez un sujet sédentaire. Le reste du besoin est couvert par l'eau contenue dans les aliments. Le lait, les fruits et les légumes, les viandes et les poissons en particulier, apportent environ un litre d'eau par jour. Le besoin en eau augmente dans certaines circonstances comme en cas d'activité physique plus intense ou de température extérieure élevée. Mais l'ingestion de plus de 3 litres par jour en condition habituelle n'a aucun intérêt pour l'organisme. A noter toutefois que, chez l'enfant, et surtout chez le nourrisson, les besoins en eau sont proportionnellement trois à cinq fois plus importants que chez l'adulte, notamment lors de fortes chaleurs, ou en cas de diarrhée aiguë ou d'épisodes fébriles.
Fonction de l’eau dans l’organisme – L’eau intervient dans la régulation des métabolismes, assure de nombreux transports, permet le maintien de la température corporelle. Si elle est présente en très faible quantité dans le tissu adipeux (75 % du poids des muscles et des organes est constitué d'eau) les deux tiers de l'eau sont contenus dans les cellules, assurant leur indispensable hydratation. Il s'agit de l'eau intracellulaire. L'eau extracellulaire, quant à elle, est située dans le sang, la lymphe, la salive et les autres sécrétions.
Une eau riche assure également l’apport minéral essentiel. Dans son parcours naturel au contact du sol et des roches, elle se charge en sels minéraux dans des proportions propres aux régions qu’elle traverse. Elle peut donc être calcaire ou ferrugineuse. Quoiqu’il en soit, rien ne vaut l’eau du robinet, et bien sûr l’eau minérale, pour leur apport minéral. Car l’eau de source peut-être impropre à la consommation. Et la carence ou à l'inverse l'excès de certains minéraux peuvent être nocifs pour l’organisme.
Ainsi, l’eau est le vecteur d’éléments bénéfiques, tels que le fluor dont 1 mg par litre détient la propriété de prévenir les caries. L'excès de fluor peut toutefois être néfaste, altérer l'émail des dents et provoquer des lésions osseuses. Une eau riche en calcaire assure à l'organisme un apport de calcium indispensable à la santé. L'apport calcique souhaitable est de 800 à 1 000 mg par jour. La période de l'adolescence, très importante pour la maturation du squelette, nécessite un apport calcique particulièrement important dans une fourchette de 1 000 à 2 000 mg par jour. A contrario, l’eau du bébé doit être faiblement minéralisée, bactériologiquement pure et sa teneur en nitrates doit être très faible car les nitrates se transforment en nitrites dans le corps.
Séquelle de la déshydratation – Au-delà de 4 % de perte en poids corporel, les signes de déshydratation se traduisent par l'apparition progressive de fatigue, de lourdeur des jambes et d'essoufflement, d'un état de léthargie, de confusion intellectuelle et verbale. Les globes oculaires deviennent hypotoniques et la peau perd de son élasticité. D'autres accidents graves, parfois mortels, peuvent aussi apparaître en dehors de toute pathologie cardiovasculaire. C’est le "coup de chaleur" caractéristique de l’élévation significative de la température interne. Le manque d’eau suscite bientôt l'ébriété et plonge rapidement le sujet déshydraté dans un malaise profond allant jusqu’à la perte de connaissance. Les cas les plus graves peuvent entraîner le coma, c’est dire à quel point l’eau est pour l’homme une denrée vitale. Par ailleurs, les risques de lésions tissulaires et les séquelles neurologiques sont importants.
Il convient en outre d’adopter une attitude préventive dans certains cas typiques : temps chauds et humides, efforts intenses sur longue durée, effets de suffocation liés à la promiscuité et faible renouvellement de l'air. En effet, une hydratation suffisante est indispensable à une bonne gestion du métabolisme, assurée par le maintien d’une fréquence cardiaque rationnelle permettant une diffusion efficace de la chaleur interne vers les muscles et les tissus cutanés.
Considérons d’un point de vue pratique que pour un effort de moins d'une heure, le plus souvent aucun apport d'eau n'est nécessaire. Si la sudation est importante, il s’agit d’ingérer une quantité d’eau représentant environ la moitié de la perte de poids prévisible. Pour un effort intense de deux ou trois heures, il est conseillé de boire entre 0,5 et 1,5 litres d'eau par heure, en fonction de la sudation, et ce toutes les 15 à 20 minutes. En ce qui concerne les efforts de très longue durée, il s’agira d’échelonner les prises d’eau de 0,3 à 1 litre toutes les 30 minutes à 1 heure et de poursuivre la réhydratation après l’effort en regard du poids effectivement perdu.
Nous l’aurons compris, l'eau est un élément vital pour l’organisme. Celui-ci est le théâtre d’échanges permanents en eau entre les milieux intérieur et extérieur. Dès que nous présentons une hypohydratation, nous nous exposons aux déséquilibres physiologiques les plus graves, allant de l’ébriété à la mort. Une consommation en eau régulière est donc requise, notamment lors d’efforts physiques significatifs, en proportion du poids perdu et de la sudation. D’une manière générale, il ne faut pas attendre d’avoir soif pour boire, notamment pour les personnes âgées chez qui on observe une nette diminution de la sensation de soif.
En ce qui concerne une consommation supplémentaire en eau, en dehors de rares cas, elle ne peut qu’être bénéfique, exclusion faite des pathologies graves et des femmes souffrant de rétention d’eau d'origine hormonale, ou d’hommes en raison d’insuffisances veineuse ou rénale. Elle se manifeste avec intensité dans le syndrome prémenstruel : seins enflés, ventre "ballonné", congestion du corps, cuisses et fesses infiltrées d'eau, oedèmes, jambes lourdes. Ce phénomène, dû à l’activité hormonale, peut s’accompagner d’une prise de poids pouvant aller jusqu’à 2 à 3 kilos et disparaissant en deux jours avec l’arrivée des règles. Rappelons toutefois qu’en dehors de la rétention d’eau, l’eau en elle-même ne contient aucune calorie et que son ingestion n’entraîne donc aucune prise de poids. Toutefois, et paradoxalement, elle constitue un excellent " coupe-faim" en diminuant la sensation de faim de par l’effet de remplissage qu’elle produit dans l’estomac.
Sans rentrer dans les polémiques politiques, constatons tout de même l’inégalité de la répartition en eau potable dans le monde. Certains pays sont asséchés par leur climat, d’autres n’ont pas les moyens de s’offrir des infrastructures de désalinisation de l’eau de mer ou des puits. Rien qu’à l’échelle du continent africain, l’eau incarne une denrée aussi précieuse que rare. A contrario, on assiste à un autre problème dans les pays bien desservis : la pollution des nappes phréatiques. Sachant que le stock d’eau potable ne représente guère que 3% du volume d’eau total, qu’elle est un élément vital pour l’organisme, il apparaît légitime que nous nous interrogions sur l’avenir que nous sommes en train de léguer à nos enfants et que nous apprenions à gérer la consommation domestique en eau.
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