Du couple bastion au couple associatif :
De nos jour,s vivre en couple ne revient pas seulement à se conformer à un modèle type de couple idéal. Il s'agit avant tout d'inventer sa relation à l'autre, sa place au sein du couple et la place du couple au sein de la société. Une analyse complète des interactions familiales effectuée par le sociologue suisse Jean Kellerhals durant plusieurs années a permis d'identifier 5 grands « styles » d'interactions conjugales.
Du prêt-à porter social au sur-mesure à décider soi-même
Dans le cadre de cette étude sociologique, plus de 1500 couples hétérosexuels furent entendus, avec pour chacun d'entre eux, une interview séparée des deux conjoints sur les dimensions suivantes : le degré de fusion du couple, le degré de fermeture du couple à l'environnement proche, les objectifs prioritaires assignés à la famille par les conjoints, la répartition des rôles conjugaux, la répartition des prises de décision au sein du couple, le degré d'investissement de chacun et le degré de « routinisation » du couple.
La première conclusion de Jean Kellerhals peut paraître évidente, mais elle a beaucoup de conséquences : les couples sont passés en quelques décennies du prêt-à porter social au sur-mesure à décider soi-même. Ce changement qui continue aujourd'hui à nous enthousiasmer, provoque simultanément une profonde angoisse pour de nombreux couples.
Quel style de couple êtes-vous ?
D'après les résultats de cette étude, le sociologue distingue 5 types de couples :
Le couple Bastion est fusionnel, fermé sur lui-même et même méfiant du monde extérieur. Il est caractérisé par une nette différenciation des rôles, pas forcément associée à une hiérarchisation, mais aussi par une volonté de cultiver l’entre-soi plutôt que les contacts avec l’extérieur, réservés de toute façon au seul homme, la femme étant plus volontiers centrée sur la maison. . Le consensus et les traditions sont indispensables à l'équilibre de ce type de couple.
Le couple Parallèle est aussi fusionnel, fermé sur-lui-même et il se sent facilement menacé par l'environnement extérieur et privilégie donc la sécurité et la prévisibilité des comportements. Mais les individus ne parviennent pas pour autant à s'investir dans la relation interne au couple. À l’intérieur, chacun mène sa vie comme il l’entend, lui dans son garage, elle dans sa cuisine. Si l’on caricature, on pourrait parler d’union de survie. L'ordre est de rigueur dans ce type de couple.
Le couple Cocon est lui encore fusionnel, très fermé sur lui-même. La cellule familiale est une bulle intimiste et casanière, portée sur la fusion entre les membres du couple, amplifiée par une très faible différenciation des rôles. L’accent porte ici sur la tendresse, le confort, la quiétude.
Le couple Compagnonnage est lui aussi fusionnel mais très ouvert sur l'extérieur, la différentiation des rôles et du pouvoir est relativement faible. La spontanéité, la complémentarité et la solidarité sont primordiales dans ce type de couple. Chaque membre du couple a la volonté de faire destin commun en cultivant des intérêts, des activités conjoints. L’extérieur y est vu non comme une menace mais comme une ressource permettant d’alimenter le dialogue conjugal.
Enfin le couple Associatif (couple Association) est au contraire moins fusionnel et beaucoup plus ouvert sur le monde extérieur. Les décisions et les responsabilités sont réparties de façon équitables dans le couple. L’accent mis sur l’autonomie du “ Je ”et la promotion du dialogue interne. Les valeurs de ce type de couple sont la souplesse, la quête d'authenticité personnelle et la négociation des droits individuels, , afin de pouvoir constamment redistribuer les cartes.
Qu'est-ce qui détermine la réussite d'un couple ?
Un point intéressant des résultats de cette étude sociologique est que la configuration qui semble idéale serait un couple à la fois ouvert sur le monde (compagnonnage ou associatif), mais aussi fusionnel (tous sauf associatif) et où chacun a un rôle défini dans la complémentarité (tous sauf bastion). Et ce que Jean Kellerhals appelle le « coping » serait la clé du bon fonctionnement d'un couple : une organisation d'entraide qui parvient à bien gérer les problèmes qui se posent à elles. Le compagnonnage semblerait alors le style de couple le plus propice à la réussite !
Cepdendant, dans une intervew pour le magazine Madame Figaro, Jean Kellerhals donne son point de vue en conclusion sur ce qui permet de déterminer réellement la réussite d'un couple : « Dans une époque où c’est la recherche de l’épanouissement qui prime, le degré de satisfaction des membres du couple est évidemment déterminant. ».
Pour conclure, serrons-nous les coudes au sein même de notre couple, mais n'oublions pas non plus que l'épanouissement d'un couple passe de plus en plus par l'épanouissement de chacun des individus. Le sociologue pose enfin encore une fois une évidence : « Comment engager le dialogue avec l’autre si l’on n’a pas conscience de sa valeur personnelle ? ». A méditer..
Que pensez-vous des conclusions de cette étude ?
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