A.J : Dans votre rapport, vous dites que 82 % des Français (89% des enfants) estiment avoir de bonnes habitudes alimentaires. Pourtant, ils sont en réalité beaucoup moins nombreux à avoir une alimentation qui réponde aux recommandations. Comment expliquez-vous cette contradiction ?
P.H : D’abord, c’est très difficile pour un individu de mesurer sa consommation. Souvent, les consommateurs ne savent pas, par exemple, qu’une portion c’est 80 g d’un produit, ni ce que ça représente concrètement. Par ailleurs, nos études sur les habitudes alimentaires montrent que l’évolution des modes de vie laisse peu de place à la consommation de produits frais qu’il est souvent nécessaire de préparer. Les gens sont attirés par des produits qui se conservent, qui sont rapides à préparer, qu’il n’est pas nécessaire d’aller acheter quotidiennement. Il y a un vrai changement des habitudes alimentaires à réaliser.
A.J : Quelles grandes tendances de consommation votre enquête sur les habitudes alimentaires a permis de dégager ?
P.H : Globalement, on assiste à une évolution lente des habitudes alimentaires. Actuellement, les écarts les plus forts se trouvent entre les plus jeunes et les plus vieux. C’est un phénomène nouveau car jusqu’à il y a 10-20 ans, les différences se faisaient entre classes sociales à l’intérieur desquelles on retrouvait une certaine homogénéité entre classes d’âge.